Date et origine de Shim'hat Torah

Dates de Shim'hat Torah

Shim'hat Torah (aussi écrit Simhat Torah) est prévu aux dates suivantes :

Simhat Torah, littéralement « Joie de la Torah », est célébrée le 23 Tichri dans le calendrier hébreu, c’est une fête joyeuse qui marque la fin du cycle annuel des lectures hebdomadaires de la Torah et son recommencement.

Sim’hat Torah, l’achèvement du cycle de lecture annuel

Aussi écrit : Simhat Torah, Simchat Torah.

La fête de Simhat Torah est apparue au Moyen Age. Elle est célébrée en même temps que la fête de Chemini Atzeret, soit le 22 Tichri, en Israël et le lendemain, le 23 Tichri, dans le reste du monde. Elle marque la fin ainsi que le recommencement du cycle annuel de lecture qui constitue le cœur des offices à la synagogue.

La mise en place progressive du lectionnaire

Dans le judaïsme s’est mis progressivement mise en place la lecture rituelle de la Bible et surtout de la Torah, c’est-à-dire des cinq premiers livres de la Bible – Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome – réputés avoir été écrits par Moïse. Depuis au moins le Ier siècle de notre ère, celle-ci, considérée comme une ordonnance de Moïse, a lieu chaque semaine lors de l’office synagogal du samedi matin1.

Flavius Josèphe, Contre Apion II, 175 : « [Moïse] a proclamé la loi l'enseignement le plus beau et le plus nécessaire ; ce n'est pas une fois, ni deux ni plusieurs, qu'il faut l'entendre : mais il a ordonné que chaque semaine, abandonnant tous autres travaux, on se réunit pour écouter la Loi et l'apprendre exactement par cœur. »2

L'inscription de Théodotos, Jérusalem, entre le Ier siècle avant notre ère et le Ier siècle après notre ère, mentionne la lecture de la Loi à la synagogue.<br/> Traduction de l’inscription, écrite en grec : « Théodotos fils de Vettenus, prêtre et chef de synagogue (archisynagogos), fils d’un chef de synagogue et petit-fils d’un chef de synagogue, a construit la synagogue pour la lecture de la Loi et l’enseignement des commandements, ainsi que l’hôtellerie, les chambres et le système d’adduction d’eau afin de servir d’auberge aux étrangers qui en ont besoin, la synagogue que ses ancêtres ont fondée avec les Anciens et Simonidès. » <br />
L'inscription de Théodotos, Jérusalem, entre le Ier siècle avant notre ère et le Ier siècle après notre ère, mentionne la lecture de la Loi à la synagogue.
Traduction de l’inscription, écrite en grec : « Théodotos fils de Vettenus, prêtre et chef de synagogue (archisynagogos), fils d’un chef de synagogue et petit-fils d’un chef de synagogue, a construit la synagogue pour la lecture de la Loi et l’enseignement des commandements, ainsi que l’hôtellerie, les chambres et le système d’adduction d’eau afin de servir d’auberge aux étrangers qui en ont besoin, la synagogue que ses ancêtres ont fondée avec les Anciens et Simonidès. »
Oren Rozen / CC-by-sa

Le rite des lectures hebdomadaires de la Torah et des lectures spéciales des jours de fête figure Mishna, un recueil rabbinique composé vers 200 de notre ère3. Il s’agit d’une lecture continue : le texte de la Torah est divisé en sections nommées « péricopes » – en hébreu, une parasha – et on reprend chaque semaine à l’endroit où l’on s’était arrêté la semaine précédente. La lecture ne se fait pas dans une édition imprimée, mais sur un rouleau manuscrit comme c’était le cas dans l’Antiquité. On appelle ce rouleau un Sefer Torah.

Exemplaire d'un Sefer Torah daté du XVIIIe siècle, Yemen <br />
Exemplaire d'un Sefer Torah daté du XVIIIe siècle, Yemen
© Moreshet Auctions

L’ordre du texte est interrompu durant les jours de fête annuelle, parce qu’on y lit les passages de la Torah et des livres bibliques attribués aux prophètes – cette seconde lecture se nomme la haftara – relatifs à la fête en question4. Dans l’Antiquité, les modalités de division de la Torah en parashot pouvaient varier selon les communautés : le Talmud atteste que les communautés qui vivaient en Palestine mettaient trois ans pour compléter un cycle de lecture5 alors qu’en Babylonie, le lectionnaire était annuel.

Une fête née d’une polémique sur la lecture de la Torah

Cette divergence entraina une polémique entre rabbins, qui débattaient de la manière de faire la plus opportune. Les rabbins babyloniens, dont le cycle de lecture annuel s’achevait et recommençait le deuxième jour de la fête de Chemini Atzeret, soit le 23 Tichri6, décidèrent de solenniser cette date en faisant un jour de réjouissance centrée sur la Torah. C’est ainsi qu’apparu au IXe siècle la fête auquel on donna le nom de Simhat Torah, la « joie de la Torah ».

Au XIIe siècle, grâce à l’autorité du célèbre rabbin Moïse Maimonide, qui codifia dans son œuvre Mishne Torah les 54 parashot du lectionnaire annuel7, celui-ci s’imposa dans la quasi-totalité des communautés juives8, et avec lui progressivement la fête de Simhat Torah.

L’office de Simhat Torah à la synagogue

Lors de l’office Simhat Torah, les rouleaux de la Torah sont portés en procession autour de l’estrade à sept reprises. On procède ensuite à la lecture de la dernière parasha, c’est-à-dire la fin du Deutéronome. Tous les membres de la congrégation se succèdent sur l’estrade pour prononcer la bénédiction sur la Torah, et on recommence la lecture autant de fois que nécessaire. Les enfants n’ayant pas atteint la majorité religieuse participent également au rituel.

La dernière personne à lire la fin du Deutéronome et celle qui enchaine pour recommencer le cycle avec la première parasha de la Genèse ont des rôles particulièrement important. La cérémonie inclut également la récitation de poème dédiés et d’hymnes joyeux. Les fidèles expriment fréquemment leur joie par des danses tandis que les enfants agitent de petits drapeaux colorés.

Procession Sim'hat Torah, Israël, 2016
Procession Sim'hat Torah, Israël, 2016 amira_a / CC-by
Exemple de drapeau coloré produit à l'occasion de l'événement <br />
Exemple de drapeau coloré produit à l'occasion de l'événement
© Musée d'art et d'histoire du Judaïsme

Maureen Attali

Références

  1. La lecture publique de la Bible à date fixe et notamment lors du sabbat est mentionné par le philosophe Philon d’Alexandrie, Sur les rêves II,127 ; Sur la création du monde §128 ; Que tout homme de bien est libre §12. On en trouve également une attestation dans le Nouveau Testament, en Actes 15,21.

  2. On trouve la même référence à Moïse dans le Talmud de Jérusalem, Megillah 4,10.

  3. Mishna Megillah 3,6

  4. Talmud de Babylone, Megillah 31a.

  5. Talmud de Babylone, Megillah 29b.

  6. Ibid.

  7. Pour un calendrier du lectionnaire annuel, on peut consulter https://www.jewishvirtuallibrary.org/reading-the-torah#8

  8. Les communautés originaires de Yémen ont conservé un lectionnaire triennal.

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